Marie de Heredia, fille de José-Maria de Heredia, qui signait ses œuvres Gérard d’Houville, Marie de Régnier de son nom d’épouse, est une romancière, poétesse et dramaturge française, née le 20 décembre 1875 à Paris 7ᵉ et morte le 6 février 1963 à Suresnes. Elle est la deuxième des trois filles de José-Maria de Heredia, la benjamine étant Louise.
Aux Eaux Douces d’Asie, en un vert paysage D’arbres et d’eau, J’ai deviné souvent plus d’un tendre visage Sous le réseau . Des voiles transparents qui recouvrent la joue Et les cheveux, Mais laissent voir le rêve éternel qui se joue Au fond des yeux. . Dans vos caïques peints, mystérieuses ombres, J’aimais vous voir, Sous les arbres plus frais, et sur les flots plus sombres, Glisser le soir, . À l’heure où quelquefois le jour mourant prolonge Son bel adieu, Peut-être au fil de l’eau, peut-être au fil d’un songe Funèbre ou bleu. . Ô chers jours disparus ! du fond de ma mémoire À votre tour Venez ! dans notre barque irréellement noire, Ô charmants jours !
.
Vous, dont j’ai vu jadis la grâce tout entière, Moments divins Qui ne me montrez plus qu’une forme étrangère, Des gestes vains ; . Aux eaux douces du songe où longuement s’attarde Notre langueur, Fantômes incertains, lorsque je vous regarde Avec douleur, . Écartez les linceuls qui me cachent votre âme Sous tant de plis ; Car le temps, vieux tisseur a mêlé dans leur trame Beaucoup d’oublis, . Souvenirs ! souvenirs ! arrachez tous ces voiles Longs et nombreux, Ou ne me montrez plus, décevantes étoiles, Vos tristes yeux ! . Mais, sur l’onde où déjà le charme de cette heure Est effacé, La rame qu’on relève, et qui s’égoutte, pleure L’instant passé.